lundi 15 décembre 2014

Compte rendu du dernier Ironman de Thierry Ironman Kajyn

Ironman de Cozumel au Mexique, le 30/11/2014.



Ça y est c’est fait, l'ironman de Langkawi 2 mois avant était dur, et c’est vrai que celui-ci n'a pas été facile !

Vol direct Bruxelles Cancun, vol sympa, toujours trop de flamands avec leur langue barbare.
Arrivée à Cancun, la nuit tombe vite et il fait presque frais.
Le lendemain, résidu d’angine, et grosse fatigue.

Deux nuits de repos, siestes à rallonge sur la plage. Panoramas magnifiques. Aucune envie de faire la moindre visite, Tulum et Chichen Itza attendront, ces sites Mayas sont là depuis plus de mille ans, ils seront encore là si je reviens. Excuse facile pour glander.
Mercredi, ferry-boat pour faire les 20 km qui permettent de rejoindre l’Ile de Cozumel en voiture de location. Pas de mal de mer malgré la houle.
Arrivée Cozumel, envie de reconnaître le parcours sur cette petite île. Je tourne à gauche et longe la mer, j’apprécie le parcours du marathon, 7 km dans un sens, du plat, goudronné, pas de surprise, à faire 3 fois dans les 2 sens.

Jeudi, fièvre, grosse flegme, je sors le vélo de la valise, pas de casse à priori.
Vendredi, entraînement natation annulé, drapeau rouge, trop de vent, çà tombe bien j’ai horreur d’aller dans l’eau.
Recommandation de l’organisateur, il y a beaucoup de vent, il faut rouler pour s’y habituer ! On ne s’habitue jamais au vent. Vendredi, un tour de 60 km est organisé pour reconnaître le parcours. Je suis à l’heure avec quelques autres concurrents. Je pédale dans le peloton, ni devant, ni derrière, le vélo est bien remonté, tout roule. Au bout de 20 km, aucune envie de continuer, le vélo est en ordre de marche, à quoi bon se flinguer ? Retour à l’hôtel, Dafalgan et dodo.


Samedi matin, dernière chance pour l’entraînement natation. J’y vais pour 8h, dur de rentrer dans l’eau, même à 26°. Plein de petits poissons multicolores, trop jolis, trop sympas. C’est agréable, on est au-dessus d’une barrière de corail et le courant pousse dans le bon sens. J’apprécie l’eau pour la première fois. Au moins il n’y aura pas de problème pour la natation.

Dimanche, réveil à 3h du matin pour s’enfiler un super cake au chocolat avec 525 kcal, histoire d’avoir de l’énergie pour les 3.8 km de natation sans les ballonnements d’une digestion tardive.
A 5 heures, bus pour la zone de transition et dernière vérification du matériel vélo. Tout est bien là, les pneus ne sont pas à plat, je préfère ne rien toucher de peur de faire une bêtise. Je mets le Garmin dessus histoire de ne pas avoir à le mettre au départ de la course et perdre du temps. Puis bus pour le départ de la natation. 2 300 personnes çà fait beaucoup de bus, beaucoup de monde. Les élites partent en premier et juste après le presque 3ème age. Du coup, peu de chance de doubler grand monde, mais c’est plus peinard. Avec moins de coups de poings, coups de pieds.
Je scrute l’horizon et merde, les bouées dérivent dans le mauvais sens, Le courant promis est bien là, mais pas comme prévu.
Départ à 6h53, çà n’avance pas. Je regarde dans l’eau, la corde qui retient les bouées aux corps morts va à l’opposé. Gros coup de blues, adieu veaux, vaches, cochons et espoirs de chronos à faire pâlir les meilleurs nageurs. Suis dans une galère à nager et çà n’avance pas. Je joue la carte touriste à regarder les fonds bien transparents. Je rêve d’un flipper le dauphin auquel je pourrais m’agripper et remonter tout le monde, mais il ne faut pas rêver même si c’est agréable d’y penser. Le temps passe, les kms aussi, mais plus lentement . et là peu à peu, la corde des bouées va dans le sens promis, le courant aide, sauvé. Le reste, il suffit d’attendre que çà se passe. 1h34 de baignade, bref un temps normal pour moi pour un peu moins de 4 km.
Petite transition cool, serviette sèche, on met des vêtements bien secs, je ne suis pas à 5 mn près et je préfère ne pas prendre froid sur le vélo.
Le pédalage commence et assez vite le compteur s’emballe, 30 voire 35 km/h. Tout va bien, çà roule. 15 bornes plus loin çà ralentit un peu, mais pas trop grave et puis on arrive face au vent.
Petit plateau, grand pignon, 40 km/h de vent dans la gueule, çà n’avance pas. La Mer des Caraïbes à droite est magnifique, des vagues de folie, mélange de bleu des mers du Sud et d’écume blanche, c’est beau. Mais P… de vent, je préfère un bon Galibier honnête et majestueux que cette vicissitude de vent désespérant. Mais je ne m’en sors pas plus mal que les autres. J’arrive à doubler des vélos à la traîne et je prends mon mal en patience et les km défilent à 20 km/h à tout casser face au vent, mais il faudra y passer 3 fois.
Grand virage à gauche, fini le vent de face. Le bonheur. 1km plus loin, carambolage entre vélos. Je me dis que j’avais bien fait de rouler lentement autrement j’aurais été aux premières places. Un concurrent tient dans ses bras son ami encore casqué, inerte, dans une mare de sang. Vision d’horreur, heureux de ne pas faire partie du tableau pour cette fois. Et le premier tour de 60 km se termine, plus que 2 tours. Et je prends mon mal en patience. Le GPS m’indique une moyenne de 27 km/h, çà me convient et çà devient mon objectif.
Dernier tour, dernier vent de face, je résiste nettement mieux que mes concurrents (les meilleurs sont déjà loin devant). Je surveille bien l’alimentation, je me prends 1 super compote de 200 kcal toutes les 50 minutes et du gatorade ou bananes en fonction des possibilités. Au début çà descend tout seul, puis il faut se forcer, et c’est de plus en plus dur à ingurgiter, mais c’est pour mon bien autrement, c’est la panne sèche.
Dernière ligne droite, déjà 170 km de fait, il ne reste plus que 10 km, c’est dur, les pieds brûlent dans les chaussures surchauffées, je les refroidis bêtement avec de l’eau fraîche. Je discute avec un concurrent qui me reprend et qui me dit, non il ne reste pas 10 km, mais 10 km et un marathon. C’est vrai, j’avais un peu simplifié.
Arrivée vélo, c’est fini, çà fait du bien, un peu plus de 25 km/h de moyenne. Je descends du vélo. Je me mets à trembler, je tiens difficilement sur les jambes.
Je récupère le sac pour les affaires de course et je m’assieds.
Mon voisin, me fait un sourire et me demande si tout va bien. Je cherche un trait d’humour qui ne vient pas et j’éclate en sanglots. Incapable de faire semblant que tout allait bien. Les larmes coulent, tant pis. J’ai fait 9 heures de natation / vélo et j’ai encore 8 heures pour finir les 42 km d’un marathon, c’est gagné d’avance.
Je démarre et je marche sans ambition, aucune envie de courir. Un pied devant l’autre et c’est parti. Après 3 km, je vois un premier concurrent mal en point sur le coté de la route, complètement KO entouré de soigneurs. Je me dis, un fainéant qui marche va plus vite qu’un sportif allongé et je me suis trouvé l’excuse idéale pour valider ma stratégie de marche. Les temps sont corrects, 9:30 le km, soit un peu plus de 6 km/h, çà me va. Et on tue le temps comme on peut. On réfléchit, on se demande à quoi bon tout çà, on calcule et les miles défilent lentement. A ce rythme il faut plus d’une heure pour faire chaque tronçon, le double pour l’aller retour et 6 fois plus si je veux terminer. Aucun besoin de courir. Mes pieds me brûlent. J’ai l’impression d’avoir marché sur 2 fers à repasser, d’avoir subi les feux de l’inquisition. Au deuxième demi-tour, j’oublie de faire demi-tour et je continue bêtement, j’étais ailleurs, mais ce n’est pas grave, çà rallonge un peu. Juste avant le dernier demi-tour, une jolie mexicaine toute mignonne me demande d’aller avec elle, mais je lui dis que je ne peux pas courir, elle insiste, j’essaye, et miracle, la machine fonctionne. Elle a réussi à me donner le déclic. Les 7 derniers km, je n’ai eu de cesse de l’encourager. Elle voulait marcher et je l’ai convaincu de courir, j’étais à nouveau en forme. Les ampoules me rappelaient que jamais plus je ne mettrais d’eau pour me refroidir les pieds, mais elle avait le sourire et j’étais en pleine forme.
A 300 m de la ligne d’arrivée dernier virage à gauche, je me voyais passer la ligne d’arrivée main dans la main, mais elle est partie comme une fusée. Je fus surpris, mais je pouvais pas la laisser faire, elle m’avait bloqué la gauche, j’ai fait le tour par la droite et j’ai tout donné. Je l’ai rattrapée, doublée, c’est ce qui comptait, et je l’ai laissé passer, victorieux et fier de ces victoires inutiles.
Résultat, le moral était bien remonté car j’avais pu courir un peu et j’ai refait le monde. Je me suis dit que j’aurais dû courir dès le début, que ce n’est pas plus fatigant que de marcher et que çà aurait eu l’avantage d’aller plus vite. Mon chrono m’a dit 16h01 l’organisateur m’a mis 16h04, tant pis.

Ce n’est pas du triathlon à ce niveau de résultat ; C’est une épreuve où on teste ses limites, et elles sont là et on les repousse. Je n’avais pas pu dégager assez de temps pour l’entraînement Kajyn, à part 2,5 marathons d’affilé dans la foulée de mon l’Ironman de Langkawi et une sortie vélo Bruxelles - La Mer du Nord A&R.

Prochaine étape, Ironman de Klagenfurt en juin 2015 en évitant cette fois-ci l’hôpital. J’essayerai de trouver plus de temps pour un meilleur entraînement au Kajyn, mais il ne peut pas n’y avoir que le triathlon dans la vraie vie.